Le contact avec la nature
rend les enfants plus intelligents
Par Ophélie Ostermann | Le 17 juin 2015
La nature
a des effets sur le cerveau de nos enfants. Des chercheurs espagnols ont en
effet constaté que les écoliers entourés d'espaces verts mémorisaient
mieux et se concentraient plus en classe que les autres.
Plantes,
arbres, fleurs... la nature nous fait du bien. Et ce dès le plus jeune âge
si l'on en croit des chercheurs espagnols qui ont établi un lien entre la
présence d'espaces verts à proximité des écoles et la capacité des enfants
à mémoriser et à être attentifs.
Pendant
un an, des enfants ont ainsi été suivis par des scientifiques du
Centre pour la recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone
(Espagne). Ces derniers ont observé l'exposition quotidienne des
élèves aux espaces verts, que ce soit près de leur domicile ou de leur
établissement scolaire. Les chercheurs se sont alors aperçus qu'une exposition
accrue à la nature augmentait de 5 % la capacité de mémorisation des
élèves et diminuait de 1 % leur inattention en classe. Des progrès ont aussi
été observés chez 9 % des écoliers qui présentaient des difficultés à
mémoriser. Les chercheurs espagnols expliquent ces progrès en partie par la
diminution de l'exposition à la pollution de l'air, notamment au carbone
élémentaire lié au trafic urbain.
Les effets psychologiques de la nature sur l'enfant
Payam
Davdand, coauteur de l'étude, explique aussi les résultats de ces recherches
par les effets psychologiques de la nature sur l'enfant :
« L'environnement naturel (...) fournit aux enfants des
opportunités uniques d'apprentissage que ce soit en matière d'engagement, de
prise de risques, de découverte, de créativité, de maîtrise des situations,
d'estime de soi. Il inspire une variété d'états émotifs - comme
l'émerveillement - et améliore les aptitudes psychologiques censées avoir une
influence positive sur les différents aspects du développement cognitif », peut
on lire sur le site The Atlantic.
Un
constat confirmé par Claire Leconte, professeur de psychologie de l'éducation,
qui rappelle que le pédagogue français Célestin Freinet conseillait déjà, il y
a plus de soixante ans, de rapprocher l'enfant le plus possible de la
nature. « Plus que la nature, c'est l'environnement naturel qui a une
influence et permet de développer ce que l'on appelle "les habiletés
sociales", autrement dit ce qui permet à l'enfant d'entrer en contact avec
les autres. On sait que cela a des répercussions sur le développement cognitif.
» Ainsi, l'enfant prendra davantage confiance en lui, saura partager,
s'exprimer en public. Pour Anne Mathieu, professeure des écoles et
institutrice de CP, la confiance en soi est un facteur essentiel dans le
système d'apprentissage de l'écolier : « Un élève qui a confiance en lui
apprendra mieux, tout simplement parce qu'il n'hésitera pas à faire des
erreurs, ce qui est constructif. »
La nature
permet aussi de développer les capacités sensorielles de l'enfant : «
Il voit des couleurs et sent des odeurs. Pendant l'apprentissage, le
vert représentera quelque chose dans son cerveau. Cela facilitera la
mémorisation et la définition du concept. » L'enfant saisit que les
feuilles des arbres sont vertes, la couleur sera classée dans sa mémoire.
En plus d'éveiller et de développer les sens de l'enfant, la nature lui permettra d'apprendre la
notion du temps en assistant au passage des saisons par exemple. Les
espaces verts et l'environnement de l'enfant en général « donnent du sens
à tout ce qui est abstrait », conclut Claire Leconte.
De quoi
nous motiver à continuer de mettre nos enfants au vert. En 2014,
selon les chiffres de l'Organisation des Nations unies (ONU), 54 % de la
population mondiale était citadine, soit près de 4 milliards de
personnes.
(1)
L'étude a été réalisée entre 2012 et 2013, sur plus de 2500 écoliers âgés
entre 7 et 10 ans, dans 36 écoles. Les conclusions ont été publiées dans
la revue scientifique américaine Proceedings
of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS).
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